vendredi 25 septembre 2009

Parce que ma peine est joie


Parce que ma peine est joie,


Parce qu'au fond mon sourire devance les sursauts de mes humeurs,


Parce que je m'émerveille d'une poussière éphémère sur mon chemin,


Parce que le bonheur des autres dépose dans ma vie mille candeurs,


Parce qu'un regard fait tomber mon coeur nu au creux de ma main,


Parce que ressentir encore et plus loin n'est pas une envie mais un besoin,


Parce que mon regard apeuré masque les racines hésitantes d'une foi aux ramifications subtiles,


Parce qu'un hoquet de rire efface pupilles embuées et froncements de sourcils,


Parce que croire envers et pour tout m'est encore étranger,


Parce que vouloir savoir m'éloigne de la vérité,


Parce que ma volonté n'a prise sur rien de tout cela,


Et parce que tu connais mieux qui moi ce qui est bon pour moi.


Parce que ma peine est joie,

Toi là-haut,

Fais que ma joie soit pleine.


(inspiré par un billet d'Edmond Prochain)

samedi 12 septembre 2009

Premiers pas de danse cha-cha

Autour d'Elle, Ils sourient à tout-va, Ils tendent leurs mains vers les nouveaux arrivants. Elle se balance sur ses pieds, s'assoit dans le fond de la salle avant de se dire que cela fait encore plus bizarre. Elle s'avance discrètement et se cale derrière la vingtaine de personnes présentes.

Le berger, meneur de la prière, prend la parole : "c'est tout simple". Elle n'est pas convaincue. L'assemblée se tourne vers un petit autel aménagé sur une table avec un drapé, une croix et une icône : Elle se prépare à vivre sa première expérience chez les charismatiques.

Les personnes du premier rang entonnent une louange. Au bout du premier couplet, les mains se lèvent, les yeux se ferment, le rythme s'accélère. Le berger prend le micro : "Si vous avez envie de dire quelque chose, ne vous retenez pas". Elle regarde avec curiosité les autres. La cadence est vive mais Elle ne se sent pas de taper dans ses mains.

Ses acolytes chantent de plus en plus fort. Son bassin commence à aller de droite à gauche mais Elle conserve une certaine gêne. Pourquoi crier qu'Elle aime Dieu alors qu'Il le lit dans son coeur ? Pourquoi applaudir Jésus quand Il entend les murmures de ses pensées ?

Une fois la session finie, Elle sait qu'un air perplexe s'affiche encore derrière sur ses joues. Si Elle ne sait pas encore quelle est la meilleure manière de prier pour Elle, Elle peut déjà dire que ce moyen d'expression de la foi ne lui convient pas... encore. Car, paraît-il, être chacha, ça s'apprend aussi.

dimanche 6 septembre 2009

Un dernier regard en arrière

A chaque beat de batterie, Elle voit l'ombre de son pas cadencé qui s'étire dans la rue.

A chaque scratch amorcé, Elle entend les conversations sans queue ni tête qui passent d'un sujet à l'autre, sans autre raison que l'envie de balancer des idées dans le vent.

A chaque prod mélodique, Elle sent la douceur qui se dégage de son regard indifférent et son humeur neutre.

A chaque phrase lyrique, Elle devine les fous rire partagés pour des discussions plus connes les unes que les autres.

A chaque tempo décalé, Elle distingue les silences apaisés qui valent plus que les paroles vides du brouhaha ambiant.

A chaque syllabe hachée, Elle prend la claque dans la gueule qu'il lui a balancé quand Elle s'est égarée plus loin que les sentiers de l'amitié.

A chaque rime bien trempée, Elle savoure le lien retrouvé entre eux, sans encore saisir les moyens d'éviter une fausse note pour garder le son à flow.


Le jour où tout recommença

Au petit matin, Elle se prépare. Etre levée si tôt un dimanche, il faut le faire quand même, Elle qui vient d'une famille où la grasse matinée dominicale prévoyait que l'on débranche téléphone et sonnette de la maison jusqu'à midi. En mode zombie, Elle s'habille. Boucles d'oreille ou collier ? Pull ou joli t-shirt ? Pour une première rencontre, il vaut mieux avoir l'air de quelque chose. Mais de quoi ? Elle ne sait même pas si Elle se fondra dans la messe, si Elle ne sera pas dévisagée pour avoir osée passer le parvis alors qu'Elle esquive ce rendez-vous depuis plusieurs années maintenant.

Après avoir hésité trois fois avant de lacer ses chaussures, signe du départ, Elle passe enfin la porte de son appartement. En sortant de l'ascenseur, Elle sent une légère brise et son estomac se noue un peu plus. Ne risque-t-Elle pas d'être déçue une fois de plus ? Cela fait tellement longtemps qu'Elle ne se retrouve plus dans les sermons du monsieur à la robe blanche, qu'Elle cherche sur les fioritures des voûtes le sourire de Dieu absent des visages de l'assemblée, qu'Elle remet à plus tard le moment fatidique d'entrer en contact avec une nouvelle communauté de fidèles.

Exceptionnellement, Elle a laissé ses écouteurs sur son lit. Si Elle doit y aller, alors Elle veut le faire bien et se mettre, dès le trajet, à fond dans cet instant. En voyant le clocher se découper entre les immeubles, Elle ne peut s'empêcher de ralentir le pas. Jamais Elle n'était allée à la messe toute seule avant et Elle se prend à regretter d'être déjà à mi-chemin. Mais les cloches se mettent à carillonner et son côté volontaire prend le dessus : si tu n'y vas jamais, faudra pas te plaindre de ne pas trouver ta place dans l'Eglise ! lui susurre-t-il.



A l'entrée, une vieille paroissienne lui tend le guide de la rentrée. Au moins, Elle aura de la lecture si Elle s'ennuie. Sans trop oser regarder autour d'Elle, Elle s'installe sur l'une des petites chaises en bois et osier, à mi parcours entre la porte (pour fuir) et l'autel (pour voir). Avec plaisir, Elle découvre des familles asiatiques, des mamies africaines, des couples occidentaux et des enfants un peu partout.... Un vrai visage d'Eglise bariolé. Peu de jeunes mais en même temps, s'ils font tous comme Elle, venir une fois tous les 36 du mois, Elle ne peut pas leur en vouloir.

Le prêtre sourit beaucoup, l'assemblée n'hésite pas à rire pendant l'homélie, ses voisines échangent des confidences à voix basse. Une messe vivante. Une bonne surprise. Après la communion, Elle Lui confie sa trouille et promet de toujours essayer de la dépasser.

Sur le chemin du retour, Elle s'aperçoit qu'un semblant de sourire traîne sur ses lèvres. Finalement, personne ne l'a mordue, personne ne l'a jetée dehors, personne ne l'a regardée comme une pestiférée. On lui a même dit bonjour !