lundi 6 février 2012

Et plus si affinités

Nouvelle année, nouvelle maison virtuelle : je déménage.
Ce blog restera actif mais tout son contenu est parti s'installer sur

lepetitchose38.wordpress.com

pour retrouver des camarades, comme les photos du jour de mon tumblr.

En espérant vous retrouver là-bas.

jeudi 27 octobre 2011

Mourir à perdre la raison

(A lire en écoutant ceci)

Ce soir, de jeunes gens m'ont parlé de Christ, de photos, de leur maman, d'excréments, de théâtre, de philosophie, d'art, de ma maman, de prière, de Marie, d'honneur, de guerre, de paix, de respect, d'ordre, de défense, de christianophobie.

Ce soir, j'ai parlé à des jeunes gens du christ, de photos, de ma maman, de leur papa, de vieux, de théâtre, de symbole, de paix, de guerre, de vieillesse, d'incontinence, de louange, de mort, de Dieu, d'amour.

Ce soir, de jeunes gens ont beaucoup insisté sur l'exemple des martyrs, citant à souhait les premiers chrétiens mourant la louange haute, la foi en étendard et la vérité de leur côté. Dans leurs yeux, l'admiration. Dans leur ton, la fascination.




C'est uniquement ce que je retiens de cette rencontre du troisième type avec des personnes qui mènent un combat que je ne partage, qui professent une façon de vivre la foi catholique que je ne partage, qui agissent d'une manière que je ne cautionne pas. Bref, des personnes qui me hérissent le poil mais qui ont été, ce soir, un joli test à ma patience et à ma volonté de dialogue envers et avec tous.

Car au final, entre les lignes - dites avec calme et les oreilles fermées - s'est dessinée sous mes yeux la vision qui anime cette « jeunesse » engagée, amoureuse du Christ et dévouée à sa cause. Comme une envie de prouver qu'ils peuvent faire aussi bien que leurs aînés (très très lointain quand même), d'être cette minorité qui a dû endurer la petitesse sans faillir avant de conquérir le monde, d'éclabousser les yeux de leurs concitoyens de la pureté de leur Vérité.

Comme une envie de pouvoir mourir pour leur Dieu. Plutôt que de devoir vivre avec Lui, avec Ses détracteurs, avec les « ennemis », avec les pas-contents… Le fantasme ultime. Devenir Saint. Avec les moyens qu'ils pensent que ces derniers ont utilisés.

Dernier détail. Ces jeunes gens aimaient tant citer Matthieu : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier commandement. » Et la suite ? « Oui, elle est importante mais… » Sauf qu'il n'y a pas de mais qui tiennent. La suite c'est « Et voici le second, qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Si jamais l'un de ces jeunes gens s'attardent ici, j'espère qu'il ira jusqu'à lire la définition mise en lien. Parce que je ne suis pas sûre qu’ils se hurleraient sur eux-mêmes des bouououh menaçants, qu’ils se jetteraient de l’huile de vidange dessus, qu’ils se tapisseraient le manteau d’œuf.

Ah oui : pas la peine de revenir sur les débats « l'art peut-il tout se permettre », « les chrétiens de France sont-ils persécutés », « comment puis-je laisser mon Dieu souillé ainsi », « que répondre quand on se sent attaqués », « faut-il défendre l'honneur du Christ »,
« les bisounours sont-ils les nouveaux hipsters de Jésus »… D'autres ont été bien meilleurs que moi sur cela.

vendredi 7 octobre 2011

Tu m'fais pas peur d'abord

Ce week-end, les États généraux du christianisme nous poussent à nous interroger. Avec ces nombreux débats, La Vie nous questionne « Faut-il avoir peur ? » Peur de quoi, peur de qui ?

Samedi après-midi, l’une des rencontres se fait plus précise dans un domaine particulièrement en vogue avec l’arrivée des élections : « Faut il craindre la montée des populismes ? »

C’est d’autant plus intéressant qu’au même moment, à quelques centaines de mètres de l’université de la Catho de Lille où se tient l’événement, doit avoir lieu une manifestation officiellement pour « la défense de nos emplois, de notre avenir, de notre pays ».

Le problème c’est que cet événement est organisé par des groupuscules d’extrême droite, dont Troisième Voie et le Front Comtois. « Je ne peux pas être à droite, ou à l'extrême d'une droite que je combats », disait Serge Ayoub cette semaine dans les colonnes de Nord Eclair. Il est alors important de se rappeler qu'il reste connu pour ses exploits de skinheads dans les années 1980.

Quant au Front comtois, leur président passera devant le tribunal le 8 décembre pour provocation à la haine et à la discrimination raciale. C’est une plainte de diverses associations des Droits de l’Homme qui l’amène ici, choquée par des affiches du groupe proclamant « Ici c’est la Comté, pas Alger ».

Au hasard de leur blog (je ne mets évidemment pas de lien...), on peut découvrir Ratko Mladic, le « boucher des Balkans » inculpé de crime contre l’humanité, érigé en « patriote s’étant battu contre l’invasion islamique ».

Bien à propos donc ce débat sur les populismes dont le visage sera dans la rue voisine. Que répondre en tant que chrétien ? Marcher à la suite des dizaines d’organisations des Droits de l’Homme et d’extrême gauche qui feront une contre manifestation ?

Un autre débat apporte une réponse alternative à cette action pourtant utile, en se demandant « Le christianisme peut-il contribuer à un environnement pacifique ? ». La deuxième réponse (la meilleure ?) se lit dans la dernière soirée des États généraux : la projection d’un film sur Joseph Wresinski, le prêtre insoumis qui voulait non pas combattre la misère mais la détruire (superbe documentaire diffusé sur France 3 le 18 octobre). Car c’est bien le terreau de ce populisme.

Et c’est là que le combat prend toute son importance pour nous chrétiens, avoir le courage de se mettre à terre avec le plus petit pour l’accompagner dans sa montée. La Vie ne l’a d’ailleurs pas oublié de son programme, avec un autre débat : « Le courage, une vertu évangélique ».

LienCe texte a été écrit pour la chronique Blog-notes sur Radio Notre Dame, que l'on peut réécouter ici.

mardi 12 juillet 2011

Donner la paix ou repartir avec

En gravissant la petite pente avant d'arriver sur la place de l'église, je m'émerveille encore devant le massif montagneux qui me surplombe. Difficile de garder les idées claires après la soirée-redécouverte de Chartreuse la veille au soir.

Pourtant les falaises abruptes font s'effacer les restes d'alcool de mon sang.Les voitures s'entassent sur la dizaine de places sur le parvis. Les murs nus beige, les quatre statues au style douteux, la petite porte qui mène à la salle de caté... Rien n'a changé. L'église est fraiche malgré le soleil qui cogne dehors. La messe commence, portant des odeurs de platanes et de cierges. Comme celle de mon enfance. Même lieu, perspective différente : l'impression que les prêtres sont plus petits me colle à l’esprit.

La petite lanterne rouge se balançant au bout d'une chaîne en fer n'a pas bougé. Il est là. En même temps, Il n'est pas sensé partir. Je scrute le visage des anciens, espérant reconnaitre le père d'un ancien camarade de classe. Les lectures s'enchainent. Les quelques piliers font pâle figure à côté des troncs de pierre des églises parisiennes. Mais dans ce repère à la vingtaine de bancs niché au creux des montagnes, la Présence de Dieu m'est tellement plus visible que dans ces bâtisses-cathédrales érigées aux fils des rues de la capitale.

On se lève, on s'assoit. Même la vieille dame devant moi, qui prend appui sur les chaises pour ne pas avoir recourt à ses béquilles. Puis le curé déclare : « Que la paix du Seigneur soit toujours avec vous. » Nous répondons, plus ou moins d'une même voix, « Et avec votre esprit ». Et puis… rien. Silence. Personne ne bouge. Personne ne se regarde.

Tout s'enchaîne : pain rompu, Agnus Dei chanté, hosties distribuées, les derniers rangs en premier et ainsi de suite, dans l'ordre. Musique, paroles, re-musique, re-paroles. Je reste sur ma faim. Cette assemblée me paraît d'un coup étrangère, comme si elle venait de me poser un lapin : mais où est passé le geste de paix ? Ce petit moment délicat où l'on ne sait pas trop vers qui se tourner, où l'on cherche à ne mettre personne dans le vent, où l’on fait style que l’on ne vient pas d’en prendre un, où la gente féminine ne sait pas exactement si elle doit faire la bise ou tendre la main à sa voisine, où l'on sourit à son voisin qui aura été, une fraction de seconde, aussi proche qu'un proche. Je suis repartie avec mon petit bout de paix à fleur de peau. Frustrée.

Photo par woueb

vendredi 3 juin 2011

Ta grand-mère en string

Elle avance doucement, à petit pas. Son arthrose la fait souffrir mais elle a mis ses nouvelles chaussures. Une semelle dernière génération pour ses pieds deuxième décennie du siècle précédent. Des lanières en cuir synthétique. Presque vraies. Un mariage entre la qualité et la modernité, lui a assuré la vendeuse au teint frais et aux effluves de bonbons.

Son bas de contention fait son office alors qu'elle gravit les quelques marches du parvis. Quelle idée d'avoir gardé ces garnitures d'un ancien temps quand une passerelle lui serait tellement plus facile. La porte est ouverte, elle entre dans la pénombre. Un bref rayon de lumière frappe ses bijoux. Le bracelet de sa grand-mère qui a traversé les âges. Il est même plus vieux qu'elle. Une série de colliers assortis à ses boucles d'oreilles. Dans sa jeunesse, toutes les demoiselles avaient les oreilles percées pour arborer les ressources de la famille aux soirées mondaines. Ces soirées ne sont plus guère animées de monde, sauf celle qu'elle vient passer ici.

Elle dépasse les rangées de bancs en bois, parfaitement non alignées. Elle réalise que son pull est de la même couleur que les chaises abimées et s'en veut de ne pas avoir choisi l'autre modèle, dans le catalogue Damart. Celui corail. A la mode. Qui aurait ajouté une touche de vie à sa garde-robe. Elle s'installe dans les premiers rangs, pose sa veste à côté d'elle.

Debout, immobile, elle sourit face au prêtre qui commence son affaire. 95 ans et elle n'a qu'un seul regret : ne pas pouvoir apercevoir la tête des paroissiens, derrière elle, qui ne peuvent manquer de remarquer sa lubie de la semaine, de l'année même. Un string qui se dessine aussi peu discrètement que possible en dessous de son pantalon. Dont le bord léopard dépasse en bas du dos. Comme les jeunes. D'abord.

Histoire vraie.
Illustration by © kief.be

jeudi 10 février 2011

Comment lutter pour toi contre un pays qui veut t'éjecter ?



J'aurai voulu commencer avec plein de beaux clichés. Une subtile comparaison. D'un côté, mon lit douillet dans un appartement chauffé ; de l'autre la pièce froide dans laquelle tu étais parqué. D'un côté, les sourires de mon quotidien ; de l'autre l'ambiance glaciale qui t'es tombé dessus. D'un côté, mes remords embourgeoisés ; de l'autre, ta douleur devant les policiers claquant les portes de la liberté sur les doigts.


J'aurai voulu faire sentir l'injustice qui m'a asphyxiée, en entendant que tu avais été repris après avoir échappé à l'horreur une première fois. Le dégoût qui s'est déversé dans mes toilettes, en pensant à ta solitude derrière des barreaux. La haine qui a noué mes tripes, en imaginant les personnes qui ont participé à faire de toi un animal en cage pendant plusieurs jours.

Finalement, je ne peux que parler de l'impuissance. Les bras ballants face à la nouvelle de ta capture avant expulsion. Comment lutter pour toi contre un pays qui veut t'éjecter ? Comment garder espoir quand un système judiciaire semble déterminé ? Comment arrêter de se faire du souci pour toi qui, pourtant, a croisé mes pas si peu de fois ? Je n'ai même pas osé jouer à la journaliste devant ton sourire voilé.

Finalement, tu es dehors aujourd'hui. Mais je sais que la vie qui t'attend ne sera jamais empreinte de la sérénité qui imprègne la mienne. Pour vivre libre, tu dois disparaître. Pour vivre heureux, tu dois vivre caché.

Photo :
oNico®

lundi 27 décembre 2010

Joyeux Noël Papy

Tu as dû nous voir. Tu ne pouvais pas nous rater. C'était la même église. Pas exactement la même ambiance mais quelques lumignons en commun.
Tu as dû nous voir. Tu ne pouvais pas nous rater. Même le prêtre nous est tombé dessus : au milieu de l'allée, nous chantions à tue-tête la venue de l'enfant quand, à la fin de la messe, il descendait vers les portes.
Tu as dû nous voir. Tu ne pouvais pas nous rater. Le jeune en col romain et aube blanche a souri à Mamy, entourée comme une reine d'une tribu de petites filles.
Tu as dû nous voir. Tu ne pouvais pas nous rater. Nous étions sur notre trente-et-un en ce vingt-quatre. Pas exactement les mêmes beaux habits que pour ton dernier voyage mais quelques traces de maquillage coulant en commun.
Tu as dû nous voir. Tu ne pouvais pas nous rater. Nous t'aurions bien glisser quelques mots mais nous ne savons pas toujours comment.
Tu as dû nous voir. Tu ne pouvais pas nous rater. Nous, on ne t'a pas vu, pas senti, pas entendu. Nous, on t'a imaginé, pensé, prié.
Tu as dû nous voir. Tu ne pouvais pas nous rater. Un soir plus exceptionnel pour nous que pour toi : là-haut, Jésus en cadeau, c'est tous les jours.
Tu as dû nous voir. Tu ne pouvais pas nous rater. Alors, tu as dû comprendre le message : tape la bise à Marie de notre part, embrasse son Fils et salue le Père. Joyeux Noël, grand-père !