jeudi 27 octobre 2011

Mourir à perdre la raison

(A lire en écoutant ceci)

Ce soir, de jeunes gens m'ont parlé de Christ, de photos, de leur maman, d'excréments, de théâtre, de philosophie, d'art, de ma maman, de prière, de Marie, d'honneur, de guerre, de paix, de respect, d'ordre, de défense, de christianophobie.

Ce soir, j'ai parlé à des jeunes gens du christ, de photos, de ma maman, de leur papa, de vieux, de théâtre, de symbole, de paix, de guerre, de vieillesse, d'incontinence, de louange, de mort, de Dieu, d'amour.

Ce soir, de jeunes gens ont beaucoup insisté sur l'exemple des martyrs, citant à souhait les premiers chrétiens mourant la louange haute, la foi en étendard et la vérité de leur côté. Dans leurs yeux, l'admiration. Dans leur ton, la fascination.




C'est uniquement ce que je retiens de cette rencontre du troisième type avec des personnes qui mènent un combat que je ne partage, qui professent une façon de vivre la foi catholique que je ne partage, qui agissent d'une manière que je ne cautionne pas. Bref, des personnes qui me hérissent le poil mais qui ont été, ce soir, un joli test à ma patience et à ma volonté de dialogue envers et avec tous.

Car au final, entre les lignes - dites avec calme et les oreilles fermées - s'est dessinée sous mes yeux la vision qui anime cette « jeunesse » engagée, amoureuse du Christ et dévouée à sa cause. Comme une envie de prouver qu'ils peuvent faire aussi bien que leurs aînés (très très lointain quand même), d'être cette minorité qui a dû endurer la petitesse sans faillir avant de conquérir le monde, d'éclabousser les yeux de leurs concitoyens de la pureté de leur Vérité.

Comme une envie de pouvoir mourir pour leur Dieu. Plutôt que de devoir vivre avec Lui, avec Ses détracteurs, avec les « ennemis », avec les pas-contents… Le fantasme ultime. Devenir Saint. Avec les moyens qu'ils pensent que ces derniers ont utilisés.

Dernier détail. Ces jeunes gens aimaient tant citer Matthieu : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier commandement. » Et la suite ? « Oui, elle est importante mais… » Sauf qu'il n'y a pas de mais qui tiennent. La suite c'est « Et voici le second, qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Si jamais l'un de ces jeunes gens s'attardent ici, j'espère qu'il ira jusqu'à lire la définition mise en lien. Parce que je ne suis pas sûre qu’ils se hurleraient sur eux-mêmes des bouououh menaçants, qu’ils se jetteraient de l’huile de vidange dessus, qu’ils se tapisseraient le manteau d’œuf.

Ah oui : pas la peine de revenir sur les débats « l'art peut-il tout se permettre », « les chrétiens de France sont-ils persécutés », « comment puis-je laisser mon Dieu souillé ainsi », « que répondre quand on se sent attaqués », « faut-il défendre l'honneur du Christ »,
« les bisounours sont-ils les nouveaux hipsters de Jésus »… D'autres ont été bien meilleurs que moi sur cela.

vendredi 7 octobre 2011

Tu m'fais pas peur d'abord

Ce week-end, les États généraux du christianisme nous poussent à nous interroger. Avec ces nombreux débats, La Vie nous questionne « Faut-il avoir peur ? » Peur de quoi, peur de qui ?

Samedi après-midi, l’une des rencontres se fait plus précise dans un domaine particulièrement en vogue avec l’arrivée des élections : « Faut il craindre la montée des populismes ? »

C’est d’autant plus intéressant qu’au même moment, à quelques centaines de mètres de l’université de la Catho de Lille où se tient l’événement, doit avoir lieu une manifestation officiellement pour « la défense de nos emplois, de notre avenir, de notre pays ».

Le problème c’est que cet événement est organisé par des groupuscules d’extrême droite, dont Troisième Voie et le Front Comtois. « Je ne peux pas être à droite, ou à l'extrême d'une droite que je combats », disait Serge Ayoub cette semaine dans les colonnes de Nord Eclair. Il est alors important de se rappeler qu'il reste connu pour ses exploits de skinheads dans les années 1980.

Quant au Front comtois, leur président passera devant le tribunal le 8 décembre pour provocation à la haine et à la discrimination raciale. C’est une plainte de diverses associations des Droits de l’Homme qui l’amène ici, choquée par des affiches du groupe proclamant « Ici c’est la Comté, pas Alger ».

Au hasard de leur blog (je ne mets évidemment pas de lien...), on peut découvrir Ratko Mladic, le « boucher des Balkans » inculpé de crime contre l’humanité, érigé en « patriote s’étant battu contre l’invasion islamique ».

Bien à propos donc ce débat sur les populismes dont le visage sera dans la rue voisine. Que répondre en tant que chrétien ? Marcher à la suite des dizaines d’organisations des Droits de l’Homme et d’extrême gauche qui feront une contre manifestation ?

Un autre débat apporte une réponse alternative à cette action pourtant utile, en se demandant « Le christianisme peut-il contribuer à un environnement pacifique ? ». La deuxième réponse (la meilleure ?) se lit dans la dernière soirée des États généraux : la projection d’un film sur Joseph Wresinski, le prêtre insoumis qui voulait non pas combattre la misère mais la détruire (superbe documentaire diffusé sur France 3 le 18 octobre). Car c’est bien le terreau de ce populisme.

Et c’est là que le combat prend toute son importance pour nous chrétiens, avoir le courage de se mettre à terre avec le plus petit pour l’accompagner dans sa montée. La Vie ne l’a d’ailleurs pas oublié de son programme, avec un autre débat : « Le courage, une vertu évangélique ».

LienCe texte a été écrit pour la chronique Blog-notes sur Radio Notre Dame, que l'on peut réécouter ici.